Une question me vient à l'esprit, en lisant quelques blogs auxquels je suis abonné : écrit-on purement par angoisse existentielle ? Comme une nécessité de rendre productif ou tangible un moment d'introspection ? de chercher à démontrer que le moment passé n'est pas vain ?

Et j'aime le blog pour cela : de l'énergie parfois ressentie à la lecture d'un article, qui semble répondre à une pulsion. Façonner son idée, pour l'expulser, comme une nécessité.

D'ailleurs, le concept de blog en lui même, pourtant aujourd'hui bien démodé, reste à mes yeux celui qui a le plus de valeur : celui qui en dit le plus sur le tenancier, qui l'expose le plus... et le rend plus intéressant, plus profond.

Paradoxalement, chaque réseau social, en imposant sa norme, son cadre, ses codes, donne tout le nécessaire pour servir non pas l'expression de l'auteur mais son conformisme aux règles dudit réseau : un certain esthétisme sur Instagram (aka le "wahou à tout prix"), une certaine acidité voir sens de la provocation sur Twitter, ... chaque like mesurant plutôt le taux de conformité aux règles, le respect des codes.

Finalement, tout est (bien) fait pour que, même sans inspiration, sans intention particulière, chacun s'exprime : (les filtres photos, les tendances ou les retweets à succès, ...). Le FOMO des consommateurs s'équilibre côté producteur de contenu : une sorte de  "Fear of Being Out Of Sight", la peur d'être moins visible (donc moins important). Un cercle astucieusement vicieux...

Sur un blog, face à une page blanche : soit on s'abstient, soit on croit en son idée, on la façonne jusqu'à ce qu'elle s'autoporte et vive sa vie. Parfois, elle mijote dans les brouillons le temps d'évaluer à quel point elle devient dispensable.

L'éloge du temps long ?